Les grandes zoreilles de Tonton Sacoche

Tonton Sacoche était à la manif, où il a rencontré un pratiquant assidu du site et de ses environs en la personne de Gilles Lelièvre, moniteur sportif à la base nautique située à quelques encâblures en amont du Pont. Gilles amène depuis des années des classes vertes à découvrir les joies du canoë-kayak et les retours se font pédibus en course d’orientation par les chemins empruntant notamment le GR6. Or, mauvaise surprise un matin, halte au passage du site, des cerbères barrent le passage en demandant paiement. Les encadrants, tous profs de gym accompagnateurs de leurs élèves, après de houleuses palabres, menaçèrent l’intégrité physique des « douaniers ». Menaces d’appels aux forces de l’ordre, etc, etc, il a fallu toute la diplomatie de G. Lelièvre pour calmer ses clients remontés contre ce nouveau type de racket. Il faut dire que notre homme, qui a bourlingué dans le monde entier, souvent soutenu par le même Conseil Général qui lui cherche des noises aujourd’hui, n’est autre qu’un ancien champion du monde de canoë-kayak ! Il en faut beaucoup pour le faire chavirer ! Autre confidence, il a remarqué la disparition de colonies de chauves-souris d’une espèce rare. Nous confirmons aussi qu’avant le bétonnage du site des colonies de choucas s’appelaient dans les gorges. Aujourd’hui silence radio sauf les nuitées animées par de méga feux d’artifices qui affolent la faune environnante. Ô ! Natura 2000 , où es-tu ? Que fais-tu ? Toi si pointilleuse pour nos petites manifestations sportives cyclistes en garrigues…….

Rencontré un couple de marcheurs vichyssois revenu cette année visiter le site en empruntant un des GR . Rebutés l’an dernier par les 18€ du parking auto (ils ne sont pas les seuls) ils furent scandalisés d’apprendre que dorénavant à pied pour un couple ce serait 15€ ! Aujourd’hui ,grâce à la manif, c’est gratuit. Eux aussi porteront la bonne nouvelle chez eux !

Là où fut démontré la mesquinerie et l’étroitesse d’esprit ( c'est le cas de le dire!) des squatters du site, nous dûmes passer un par un le vélo à la main par un étroit passage pour former le cortège. Imaginez, lecteur, 500 personnes se faufilant par cet étroit boyau, les barrières restant closes, pitoyable rétorsion à notre action. Certains, rebutés par la lenteur, abandonnèrent et lassés repartirent, ce qui était certainement l'objectif. Le cortège enfin formé, nous partîmes en procession, banderole en tête, derrière un fourgon de gendarmerie, on rendait hommage à la disparition d’un bout de liberté. De l’entrée au pont romain il y a environ 1 km qui fut franchi au pas, presque en silence, un vrai passage d’enterrement de première classe. Tout concourait à dégager une ambiance de tristesse, le ciel gris menaçant, les participants peu enclins à la rigolade progressant lentement, longeant des bâtiments ternes et sans vie. Où sont les petites baraques d’antan où le bon peuple venait librement se détendre et animer les lieux en famille et gratuitement ! Aseptisé qu’il est le site rive droite, déshumanisé, raboté, bétonné, vidé pour soi-disant s’intégrer dans le paysage et mettre en valeur le Pont et lui seul.

La palme de la goujaterie fut récemment décrochée par un guichetier zélé qui exigea 20€ pour laisser passer un tandem et pas n’importe quel équipage, celui d’un tandem handi-sport dont le passager est déficient visuel. Hé oui braves gens ! On fait même payer les aveugles au Pont du Gard ! Rien n'est prévu sans doute dans le manuel.

Le lendemain de cette belle manif, on eut droit à une bataille des chiffres, coup classique des comptages des manifs. Les R.G., réputés pour leur fâcheuse manie à minorer le nombre des manifestants, nous ont accordé 480 personnes. La radio locale claironnait à longueur d’ondes le chiffre de 300, le quotidien régional plus honnête 500 . Notons simplement que tous les présents ne purent contenir sur le pont Pitot, même en étant serrés. Si on compte en terme de représentation, rien que pour la F.FC.T. la grosse poignée de cyclos présents représentaient 130.000 pratiquants ! Si on ajoute les marcheurs, les handicapés, les pêcheurs et les citoyens de tous bords outrés de cet octroi ça fait du monde.

Messieurs les responsables de ce racket illégal, pour bien des raisons, écoutez la vox populi, qui s’exprima dans la dignité en ce samedi 8 juin. Et puis, des élections approchent. On parle même d’une action en justice qui se préparerait, à juste titre….
Ou faudra t’il dire du Pont du Gard que c’est le Pont’à Fric ?